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Faut-il (encore) des expositions 100 % « artistes femmes » ?

30/06/2022 13:00
Pionnières, Peintres femmes, Elles font l’abstraction, Suzanne Valadon… Les expositions temporaires de groupe « d’artistes femmes » font l’actualité en France ces derniers mois. Sont-elles le signe d’une réelle avancée ou simplement un alibi institutionnel ? Alors qu’il y a déjà un demi-siècle, l’historienne de l’art Linda Nochlin posait les termes d’un débat fondateur avec son texte : « Pourquoi n’y a-t-il pas eu de grands artistes femmes ? », forte est la tentation d’y faire écho en s’interrogeant : « Faut-il encore des expositions d’artistes 100% femmes ? ». Comme le rappelaient les journalistes Roxana Azimi, Magali Lesauvage et Marine Vazzoler dans leur article du 11 juin 2021 dans l’Hebdo du Quotidien de l’Art, « la présentation d’oeuvres women only n’est pas nouvelle ». Comment, dès lors, comprendre les discours et la rhétorique de l’oubli qui fleurissent au sujet des « artistes femmes » ? Cet argument de la « découverte » est-il particulièrement vendeur ? Et, par ailleurs, pourquoi scinder les histoires, parler « d’artistes femmes » alors qu’il n’a jamais été question « d’artistes hommes ». Beaucoup des artistes en question se positionnent, en outre, au-delà des questions de genre. Les expositions de groupes temporaires dédiées aux artistes femmes ont-elles, par ailleurs, des conséquences sur les collections permanentes des musées

Intervenants

EVA BELGHERBI

Doctorante en Histoire de l’art  – Université de Poitiers CRIHAM – École du Louvre

Eva Belgherbi est doctorante en histoire de l’art (non-contractuelle) à l’Ecole du Louvre et à l’Université de Poitiers depuis 2017. Son sujet de thèse porte sur l’enseignement de la sculpture aux femmes en France et au Royaume-Uni à la fin du XIXe siècle. En parallèle de ses activité d’enseignement et académiques, elle tient un carnet de recherche Hypothèses en ligne, « Un carnet genre et histoire de l’art » sur lequel elle publie des comptes-rendu d’expositions de femmes artistes. Elle est membre du collectif des Jaseuses et de l’ARQ (collectif Arts et Représentations Queers).

© Ennio Grazioli

JULIE BOTTE

Doctorante en esthétique et sciences de l’art à l’Université Sorbonne Nouvelle

Julie Botte est docteure en muséologie de l’université Sorbonne Nouvelle à Paris. En 2021, elle a soutenu sa thèse intitulée « Les musées de femmes : entre patrimonialisation et engagement social. Émanciper les femmes grâce au musée ? ». Ses recherches portent sur la préservation du patrimoine des femmes et sur le rôle social du musée. Au cours de son parcours, elle a bénéficié d’un contrat doctoral et d’une bourse de recherche en tant que Pre-Doctoral Research Fellow à Vassar College aux États-Unis.

RAPHAËLE MARTIN PIGALLE

Conservatrice du patrimoine, responsable des collections Beaux-arts / Arts décoratifs du Musée Sainte-Croix Poitiers

Après dix ans passés au Musée de Montmartre, puis trois années en charge de la réhabilitation du site de l’Abbaye de Saint-Maur-des-Fossés, Raphaële Martin-Pigalle est aujourd’hui Conservatrice du patrimoine et, depuis plus de sept ans, responsable des collections Beaux-arts / Arts décoratifs pour les Musées de la Ville de Poitiers. À ce titre, elle a notamment été (co-)commissaire de différentes expositions dont : Romaine Brooks, cambrioleuse d’âmes, avec le soutien du Centre Pompidou et du musée franco-américain de Blérancourt en 2015, Belles de jour : femmes artistes, femmes modèles avec le musée des Beaux-Arts de Nantes et le Palais Lumière d’Evian en 2016 ou, plus récemment, de L’Amour fou ? Intimité et création (1910-1940) avec le musée des beaux-arts de Quimper.

En 2016, elle a co-organisé au Musée Sainte-Croix de Poitiers, avec Aware – Archives of Women Archives and Research (Camille Morineau) et l’Université de Poitiers (Claire Barbillon), deux jours de colloque Parent’elles, compagne de, soeur de, fille de … les femmes artistes au risque de la parentèle, renforçant ainsi l’identité du Musée Sainte-Croix comme une entité de référence autour de la question de cette présence persistante et désormais acquise de la femme au sein de la sphère muséale.

© Photo Dominique Bordier, NR

LINDA HINNERS

Conservatrice senior au Nationalmuseum de Stockholm

Linda Hinners est conservatrice senior au Nationalmuseum de Stockholm, spécialisée dans la sculpture. Elle a été commissaire de diverses expositions, par exemple sur Auguste Rodin et les pays nordiques en 2015 (collaboration avec le musée d’art Ateneum, Helsinki et le musée Rodin Paris), et actuellement une exposition sur les femmes sculpteurs :  » Quel bonheur d’être sculpteur ! Les femmes artistes suédoises 1880-1920″ (Nationalmuseum 17 Mars-11 Septembre 2022). L’exposition est le résultat d’un projet plus large sur les femmes sculpteurs nordiques et en 2022 un livre dans ce domaine a été publié, « Nordic Women Sculptors at the Turn of the 20th Century. Formation, Visibilité, Auto-création », contenant plus de vingt articles de chercheurs dans le domaine. Hinners a également fait partie de l’équipe de conservateurs à l’origine de la réouverture du Nationalmuseum en 2018, après cinq ans de rénovation.

NATHALIE ERNOULT
Attachée de conservation au Centre Pompidou

Nathalie Ernoult est entrée au centre Pompidou, jeune étudiante, en 1977. Parallèlement elle a réalisé une thèse de doctorat sur « Les femmes dans la cité platonicienne : la République et les Lois ». Attachée de conservation au Centre Pompidou depuis 2008, elle a collaboré à la préparation de nombreuses exposition, Robert Delaunay, Alexander Calder, Piet Mondrian,František Kupka etc… et surtout elle a participé en 2009 à l’aventure de l’exposition elles@centrepompidou consacrée aux artistes femmes de la collection du Centre Pompidou. Depuis, elle consacre une partie de son travail à rendre visible au sein du musée les artistes femmes. Elle est membre du comité éditoriale de l’association Aware qui a  pour objet de réhabiliter les artistes femmes sous-représentées dans l’histoire de l’art, les ouvrages d’art, les expositions et les collections de musées. Elle est également membre de l’association Mnémosyne qui agit  pour le développement de l’histoire des femmes et du genre. Elle travaille aujourd’hui à la préparation d’une rétrospective sur l’œuvre de la sculptrice Germaine Richier.

MARINE VAZZOLER

Modération

Journaliste, Le Quotidien de l’Art, l’Hebdo

Journaliste à l’Hebdo du Quotidien de l’Art depuis 2018, Marine Vazzoler a étudié l’histoire de l’art à l’Ecole du Louvre puis à la Ruprecht-Karls Universität de Heidelberg où elle a rédigé un mémoire de master 2 sur l’utilisation de l’écriture dans l’oeuvre graphique d’Etel Adnan.  Egalement diplômée du Master de journalisme franco-allemand de la Sorbonne Nouvelle Paris 3, elle écrit d’abord au Journal des Arts et travaille un temps au sein de la rédaction culture du Frankfurter Allgemeine Zeitung, en Allemagne. Elle pige ensuite pour Beaux Arts et réalise régulièrement des textes d’exposition pour diverses galeries. A l’Hebdo, Marine Vazzoler produit des enquêtes, reportages et décryptages sur des sujets aussi divers que l’écologie et le développement durable, l’accessibilité des établissements culturels ou encore le marché de l’art.

Crédits photo : Tom Masson

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