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Le musée thérapeute

15/09/2021 10:00

De l'art qui guérit aux prescriptions culturelles

  Le rapport de l’OMS du 11 novembre 2019 recense 900 articles scientifiques prouvant l’implication de l’art sous toutes ses formes dans la santé, tant au niveau de la prévention que du traitement des maladies. Il cite en exergue une phrase de Braque « L’art est une blessure qui devient lumière ». Quels ont les mécanismes neurobiologiques et psychologiques à l’origine de cette opération alchimique ? Pourquoi certaines blessures ne se referment-elles pas et comment l’art, en véritable tuteur de résilience,  pourra t’il aider à les métamorphoser? Tels les silex taillés par nos ancêtres, bifaces utiles et beaux, notre cerveau à deux fonctions : l’une, dédiée à Apollon, nous guide pour rester en vie, l’autre, consacrée à Dionysos, nous donne envie de vivre. Face à une œuvre d’art, notre cerveau se comporte comme s’il dialoguait avec un être vivant qui le sculpte et le caresse. Ainsi transformé il peut amorcer un processus de guérison par le miracle de l’empathie esthétique. Et si nous  étions tous des œuvres d’art, fruits de nos interactions avec le monde qui nous entoure ? Acceptons en toute confiance la prescription de cette « invitation à la beauté » aux effets cathartiques !  

Pierre Lemarquis, neurologue

Laure Mayoud, psychologue-clinicienne

   

La « muséothérapie », un outil en santé publique

  La « muséothérapie » est un tout nouveau concept de soin de support, proposée dans le cadre de cette conférence. Il s'ajoute aux autres formes de thérapies par l’art déjà reconnues, telles que la musicothérapie, la danse-thérapie ou la dramathérapie... Ce concept considère le musée, ses galeries et ses collections, comme un lieu de soin et de mieux-être, selon une perspective thérapeutique holistique appuyée par les neurosciences et la médecine. Des partenariats innovants et des projets-pilotes sont ainsi co-élaborés avec les professionnels de la santé, du monde médical, hospitalier, associatif, universitaire et bien entendu muséal. Les organisations internationales, telle que l’ICOM, l’OCDE et l’OMS ont récemment validé cette approche, soutenue par des recherches appliquées en gériatrie, désordres alimentaires, santé mentale, troubles cognitifs, prescriptions médicales muséales, parmi d’autres initiatives à découvrir.  

Nathalie Bondil, Directrice du musée et des expositions à l’IMA, Institut du Monde Arabe

Intervenants

PIERRE LEMARQUIS

Neurologue, membre de la société de neurophysiologie clinique de langue française et de l’académie des sciences de New-York, attaché d’enseignement à l’université de Toulon dans le cadre du diplôme d’éthologie dirigé par Boris Cyrulnik.

Diplômes annexes en neuropsychopharmacologie, phénoménologie psychiatrique, médecine chinoise, sexologie, médecine de plongée.

Ancien organiste et petit chanteur à la croix de Lorraine, vice-président de l’orchestre de chambre des Harmonies d’Orphée, co-fondateur du Festival Musica Classica (Haute-Corse), président de l’association « L’invitation à la beauté».

Auteur de « Sérénade pour un cerveau musicien » « Portrait du cerveau en artiste » « L’empathie esthétique, entre Mozart et Michel-Ange » chez Odile Jacob et de « l’art qui guérit » chez Hazan.

Interventions dans les médias (revues, radio, TV) à Artcurial, à la fondation Maeght.

Intervenant aux assises de la maternelle en mars 18 pour J-M Blanquer sur le thême de l’intérêt de la musique à l’école.

LAURE MAYOUD

Psychologue clinicienne et enseignante.

Elle propose depuis plusieurs années des soins innovants avec la proposition de prescriptions culturelles apportés aux étudiants dans le service santé de l’Université et aux patients dans des hôpitaux. Suite aux effets thérapeutiques remarqués par les patients et les équipes soignantes, elle a fondé une association « L’invitation à la beauté » avec un comité scientifique et artistique s’intéressant aux bienfaits de la contemplation de la beauté. La commission nationale française de l’UNESCO soutient les avancées dans la recherche fondamentale et appliquée proposée par l’association.

Elle organise des colloques de recherches avec les membres de l’association ainsi que des journées d’études dans des Universités liées à sa nouvelle pratique soignante. Suite au dernier colloque de recherche à la Faculté de médecine de Lyon, elle a dirigé avec Pierre Lemarquis (président de l’association) les actes de colloque publiés chez VRIN.

Elle est également sollicitée pour des journées de sensibilisation et d’expérimentation de sa nouvelle approche de soins en particulier auprès de la Mission Innovation Expérimentation de l’Education nationale.

Elle est invitée à créer en collaboration avec les étudiants de grandes Ecoles ( HEC Paris)   des projets d’expérimentation, d’analyse sur les effets soignants des prescriptions culturelles dans des lieux spécifiques.

Elle enseigne également dans les Universités de Lyon (médecine, école nationale supérieure d’architecture, écoles d’ingénieurs, droit…) la psychologie, l’éthique, le soin par l’empathie esthétique.

Elle participe à des enseignements auprès d’associations afin d’améliorer le soin dans une dimension plus large.

Elle intervient dans des comités d’éthique au sein d’établissements hospitaliers.

Elle est membre du comité scientifique du Centre national d’art vocal de Spirito (Ministère de la culture en région Auvergne-Rhône-Alpes).

NATHALIE BONDIL

Directrice du musée et des expositions à l’IMA, Institut du Monde Arabe.

Son action pour renforcer le rôle thérapeutique, social et éducatif des musées, tant par les expositions que par les partenariats, est reconnu. Elle a initié de nombreux projets-pilotes en inclusion, arts et santé, et art-thérapie. Elle promeut un nouveau concept : la «muséothérapie ».

Avec l’Association des Médecins francophones du Canada et le Musée des Beaux-Arts de Montréal, elle a par exemple initié en 2018 les premières prescriptions médicales muséales.

En 2020, elle a reçu les prix pour le rayonnement international de l’International Council of Museums (ICOM) du Canada ainsi que pour l’innovation de la part de l’Association des Musées Canadiens.