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Smartify et CCD publient un outil de planification sur le “musée multiplateforme”

8 June 2021

Il y a quelques semaines, les musées français ont commencé à ouvrir leurs portes, se joignant ainsi à une vague d’autres institutions, de Londres à Washington, qui invitent les visiteurs à franchir à nouveau leurs portes, avec impatience et prudence à la fois. Mais après une année de restrictions, les institutions qui ouvrent leurs portes aujourd’hui ne sont pas les mêmes que celles qui avaient fermé en 2020. Les transferts numériques, les pertes financières et une remise en question sociale à l’échelle de l’industrie ont forcé un changement dans la façon dont les organisations culturelles opèrent, conservent et exposent – un changement qui sera certainement durable et irrévocable.

 

Une des principales conséquences de ce changement est que les institutions sont aujourd’hui plus accessibles que jamais, avec des portes d’entrée sur place, en ligne et sur les réseaux sociaux. Les musées doivent désormais composer avec le monde physique et le monde numérique, ainsi qu’avec un public nouvellement élargi, plus diversifié et prêt à interagir sur plusieurs plateformes. 

 

Pour aider les institutions à naviguer dans ce nouveau paysage, Smartify et le cabinet de conseil en design CCD se sont associés pour lancer The Multi-Platform Museum : A Planning Toolkit. Cette ressource se penche sur l’expérience muséale renouvelée avec l’aide de professionnels des musées, et offre des outils pour envisager une réouverture et une remobilisation couvrant les visites sur site et l’expérience à domicile. Comme l’explique Chris Condron, responsable du marketing au 180 The Strand, les musées doivent trouver «des moyens de créer de la valeur en dehors de l’exposition et à l’intérieur».

 

Voici trois conseils pratiques tirés du kit, disponible au téléchargement :

 

Développer l’adhésion et la vente de produits dérivés

À propos des fermetures de l’année passée, Chris Condron note que « rien n’a montré de manière plus frappante qu’un effondrement de la fréquentation équivaut à un effondrement des recettes ». Alors que les musées sont confrontés à une pression financière à la suite des fermetures de 2020, le kit met en lumière deux domaines clés, les adhésions et le commerce électronique, qui sont apparus comme des sources de revenus fiables. Il recommande aux institutions de rafraîchir ou de relancer leurs programmes d’adhésion (éventuellement assortis d’un contenu numérique de qualité), non seulement pour générer des revenus, mais aussi pour établir et élargir leur base de soutiens.

Les produits culturels peuvent également renforcer la relation des visiteurs avec une institution ou ses expositions. Une étude récente de Smartify a révélé que 60 % des produits dérivés listés en ligne par 20 grands musées n’ont généré aucune interaction, tandis qu’une étude de Smartify et du StoryFutures Lab de la Royal Holloway University of London a montré que le fait de présenter des produits à côté de visites virtuelles et de collections en ligne augmentait la conversion.

 

Repenser le lieu physique

Les espaces réouverts contiendront nécessairement des précautions de distanciation sociale, allant des protections en plexiglas aux marquages au sol. Cependant, Lucinda Blaser, chef de produit senior de la National Gallery, prévient que ces mesures ne doivent pas devenir des « barrières de sécurité ». En repensant la conception des expositions et le flux des visiteurs, les musées doivent s’assurer que ces protocoles ne perturbent pas l’expérience du public. Le kit suggère de s’inspirer des meilleurs exemples de boutiques et d’étudier la façon dont elles déploient agents et signalétique pour accueillir et informer les visiteurs.

Pour inciter les visiteurs à revenir sur site, les lieux d’exposition doivent mettre l’accent sur ce qui vaut la peine de se déplacer. En d’autres termes, l’expérience du musée doit être mise en avant. Chris Condron propose de recourir à l’itération dans la conception des expositions : « Et si deux visites ne se ressemblaient pas et que l’exposition évoluait en permanence ? ». Il cite en exemple l’installation prochaine par The Strand du projet BLKNWS de Kahlil Joseph, que l’artiste entend mettre à jour régulièrement tant qu’il sera exposé, promettant au public une expérience nouvelle à chaque visite.

 

Créer des catégories de contenu numérique

La gestion de plusieurs plateformes ne doit pas se limiter à la répétition des contenus sur le site internet et les réseaux sociaux. Le kit insiste plutôt sur l’intérêt de « raconter une histoire complète sur chaque plateforme », une pratique qui permet aux organisations de s’adresser directement aux utilisateurs, qu’il s’agisse de la génération Z sur TikTok ou des mères de famille sur Facebook.

Tant qu’à faire, pensez à développer du contenu premium (il s’avère que oui, le public est prêt à payer pour cela) ou du contenu co-créé avec ces communautés pour atteindre un plus grand nombre de visiteurs. Ce dernier point est également un domaine propice à la collaboration, en particulier pour inclure des voix extérieures, diverses et sous-représentées – une étape clé, selon Bolanle Tajudeen, fondatrice de la Black Blossoms School of Art and Culture, pour que les musées établissent des relations authentiques avec leurs visiteurs.